Julia

Gravures réalisées en résidence avec les Editions Phalène et Sarah Battaglia, à Annecy en février 2023. 2 séries, 5 exemplaires numérotés.

Vues de l’exposition Nucléation, Centre d’arts contemporain Le Mikado, Annecy, 2023

De son vivant, Julia Pastrana fut à la fois surnommée « L’hybride merveilleux » et « La femme la plus hideuse du monde ». Engagée comme danseuse mexicaine par le cirque Barnum & Bailey, elle danse et chante lors de représentations très courues, à travers le monde. Le contraste entre la grâce de ses mouvements et son apparence simiesque, fascine. Elle épousera son manager Theodore Lent en 1857 dont elle aura un enfant deux ans plus tard. L’accouchement est difficile et Julia, comme l’enfant, ni survivront pas.

Theodore Lent, alors privé de son revenu principal, décide de vendre les corps à un professeur de l’Université de Moscou qui va les naturaliser. Le succès de l’opération est tel que Lent exige en tant qu’époux et père, de récupérer les corps. Il va exposer ces momies durant quelques années avant de les louer à un musée des curiosités. Les corps furent exhibés durant les décennies suivantes à de nombreux endroits, jusqu’en Allemagne durant le IIIème Reich. Finalement stockés dans un entrepôt au milieu du 20ème siècle, on retrouvera, à la suite d’un cambriolage, la momie de l’enfant grignotée dans un ravin, le corps de Julia introuvable, semble avoir refait surface depuis à l‘Institut de médecine d’Oslo et s’y trouverait encore aujourd’hui.

J’ai réalisé deux portraits de Julia à partir de photographies anciennes faites de son corps naturalisé, intriguée par les contrastes de son apparence et les traces qui perdurent de la domestication de celui-ci.